• L’attrape-cœurs

     

    L’attrape-cœurs      

     

    L'Attrape-cœurs (The Catcher in the Rye) est un roman de J. D. Salinger.

    Publié aux États-Unis en 1951, plus de 60 millions d'exemplaires ont été vendus à ce jour et il s'en vendrait environ 250 000 chaque année.

    Il constitue l'une des œuvres les plus célèbres du XXe siècle et un classique de la littérature, à ce titre enseigné dans les écoles aux États-Unis et au Canada, bien qu'il ait été critiqué en raison de certains des thèmes abordés (prostitution, décrochage scolaire, obsession de la sexualité) et du niveau de langue (langage familier et souvent injurieux).

    La notion d'antihéros débute alors aux États-Unis et choque le grand public.

     

    Le style du roman est indiqué dans la première phrase : c’est un style parlé, et même relâché, plein de tics de langage, avec des mots approximatifs, des tournures familières, voire vulgaires, et des expressions dévalorisantes à toutes les lignes.

     

     

    Histoire
    Écrit à la première personne, le roman relate les trois jours durant lesquels un adolescent de 17 ans, Holden Caulfield, vit seul dans New York, après avoir été expulsé de Pencey Prep (école préparatoire).
    Le titre original du roman (The Catcher in the Rye) fait référence au poème écossais Comin' Thro' the Rye de Robert Burns.


    Holden Caulfield s'imagine dans un champ de seigle avec des milliers de petits « mômes ». Il est au bord d'une falaise et doit seulement les empêcher de tomber, s'ils ne regardent pas où ils vont, s'ils s'approchent trop près du bord. Il serait « l'attrape-cœurs » (« the catcher in the rye »).

    On peut comprendre ce passage comme étant la plus grande envie de Holden : empêcher les enfants de grandir, de tomber de la falaise.

                                   

    C’est de l’intérieur, et de façon intime, que nous comprenons ce dont souffre Holden, car le texte écrit là n’est autre que le discours vivant d’un adolescent qui a basculé dans la folie. « Ce truc idiot » qu’il raconte, c’est la façon dont il a dérapé, comment, d’un long mouvement continu et inéluctable, il est parti à la dérive. Nous le voyons progressivement perdre ses attaches et insensiblement s’enfoncer.

     

                                                Ce livre est l’histoire d’un naufrage.


    Holden comprendra peut-être que le manque est le revers de l’attachement, que c’est parfois douloureux, et que la solution est le vide. Peut-être apprendra-t-il à ne plus avoir peur et à exprimer ses sentiments. Peut-être enfin, comme pour les canards de Central Park, quelqu’un viendra-t-il le chercher et le délivrer de son enfermement ?

                                         


    Le personnage principale Holden Caulfield me parle beaucoup.
    Il est à la fois très réfléchi et profond et candide et naïve
    On voit comment sa personnalité, ses idées et ses émotions contrastent avec ceux des personnages qui l'entourent.
     
                                            


    EXEMPLE 1 :
    En apprenant que son colocataire de chambre avait rancard avec son amie d'enfance, Jane :

    Holden = Tu vas voir Jane ? Je me rappelle d'elle ! Ça fait un bail ! Elle t'as parlé de moi ? Elle était danseuse classique .... Je jouais sans arrêt aux dames avec elle.
    Stradford = Tu jouais à quoi ?
    Holden = Aux dames.
    Stradford = Aux dames ! Putain.
    Holden = Ouais. Elle voulait jamais bouger ses dames. Chaque fois qu'elle avait une dame elle voulait pas la bouger. Elle la laissait au dernier rang. Quand ses pions étaient allés à dame, après elle y touchait plus. C'était juste que ses dames elle aimait les voir au dernier rang, bien alignées.

     Stradford a pas bronché. Ce genre de truc, ça n'intéresse personne. Elle avait une enfance pourrie. Mais il en avait rien à foutre. C'est seulement les trucs porno qui l'intéressaient.
     
    Holden = Pendant ton rancard, tu pourrais lui demander si elle laisse toujours ses dames au dernier rang ? Stradford = (je savais qu'il ne le ferait pas).

     

     


    EXEMPLE 2 :
    Ou encore cette redondante question qui lui revient sans cesse en tête et qu'il pose à qui pourrait lui répondre :
    "que deviennent les canards de Central Park lorsque le lac est pris par le gel ?"

    Holden posant la question à un chauffeur de taxi :

    Holden = Hey dites donc, vous avez vu les canards près de Central Park South ? Le petit lac ? Vous savez pas par hasard où ils vont ces canards, quand le lac est complètement gelé ? Vous savez pas ?Il s'est retourné et il m'a regardé comme si j'étais vraiment fêlé. Taxi 1 = A quoi tu joues ? A te foutre de ma gueule ?Holden = Nan - c'est seulement que ça m'intéresserait de savoir.
    Il s'est retourné et il m'a regardé comme si j'étais vraiment fêlé.

    Taxi 1 = A quoi tu joues ? A te foutre de ma gueule ?
    Holden = Nan - c'est seulement que ça m'intéresserait de savoir.
    Il a rien répondu. Et moi j'ai plus rien dit.

     



    Même question, avec un 2ème chauffeur de taxi :

    Son nom était Horwitz.  Un type bien mieux que celui de l'autre taxi. Alors j'ai pensé que peut être il savait, lui. Pour les canards. J'ai dit "hé, Horwitz. Vous passez jamais près du petit lagon, dans Central Park ? Du côté de Central Park South ?
    Taxi 2, Horwitz = Le quoi ?
    Holden = le lagon. Une sorte de petit lac. Où sont les canards ? Vous voyez ?
    Taxi 2, Horwitz = Ouais, et alors ?
    Holden = Ben vous voyez les canards qui nagent dedans ? Au printemps et tout ? Est-ce que par hasard vous sauriez pas où ils vont en hiver ?
    Taxi 2, Horwitz = Où ils vont qui ?
    Holden = Les canards. Si jamais par hasard vous saviez. Est-ce que quelqu'un vient avec un camion ou quoi et les emporte ou bien est-ce qu'ils s'envolent d'eux-même - pour aller vers le sud, par exemple ?

    Le gars Horwitz s'est retourné et il m'a regardé. C'était le genre de type pas très patient. Pas un mauvais type, remarquez.

    Il a dit "Putain, qu'est-ce que j'en sais, moi. Un truc aussi idiot, putain, qu'est ce que j'en sais ?"
    J'ai dit "bon, faut pas vous fâcher." Parce qu'il se fâchait, j'avais bien l'impression.
    Taxi 2, Horwitz = Qui est-ce qui se fâche ? Personne se fâche."

    S'il devenait tellement susceptible valait mieux arrêter les frais. Mais c'est lui qui a remis ça.

    Il s'est encore retourné et il a dit "Les poissons y vont nulle part. Ils restent là où y sont, les poissons. Juste où y sont dans le foutu lac."
    Holden = Les poissons ... c'est pas pareil. Les poissons ils sont pas pareils. Je parle des canards.



    Son ingénuité, sa curiosité, son gain d’intérêt pour certaines futilités l'amène à l'incompréhension des autres et à la solitude.
    Holden est différent, ce qui le rend marginal malgré lui (voir réf ci-dessous).
    Le roman donne une vision assez réaliste voir pessimiste de la vie vu par les yeux d'enfant d'Holden, qui est,  "à la fois puéril et mature".
                               

     

    Le caractère du personnage

    Le caractère du personnage apparait lui aussi clairement dès le début du récit, ne serait-ce que par sa façon de s’exprimer, mais également par son comportement. Holden se démarque de ses camarades de son âge qui, tous, assistent au match de football américain de fin d’année. « Vous pouviez entendre leurs gueulantes, profondes et terrifiantes du côté de Pencey, parce que pratiquement toute l’école était là, excepté moi. »

    Holden est à part, en dehors, et selon ses propres termes « terrifié » par cette activité pourtant hautement fédérative qu’est le sport dans un collège de garçons. Holden n’est pas comme les autres, en somme il n’est pas « normal ». C'est un personnage qui n'est pas dans les normes. Il est marginal.

    Est très révélatrice également de sa personnalité la façon qu’il a de dénigrer, d’exagérer les détails sans importance et de traiter comme insignifiantes les choses qui en réalité le touchent. Dans ses outrances, il perd le sens des proportions et de la mesure, et cette indifférenciation lui permet de jouer l’indifférence. Il aime monter des bobards, se présenter sous de faux noms, faire croire des choses qui ne sont pas, mais lui-même, à ce jeu, perd le sens du réel. Sans doute souffre-t-il d’une trop grande sensibilité dont il se protège par une exagération systématique qui lui permet de tout mettre sur le même plan. En réalité, il a peur de ses émotions, qu’elles soient positives ou négatives, « elles le tuent ». C’est une de ses expressions favorites, qu’il faudrait presque prendre au pied de la lettre.

    Les êtres humains n’éveillent en lui que du dégout, de l’incompréhension, de l’agacement, parfois, au mieux, de la compassion mêlée d’écœurement. Il semble qu’il y ait toujours une distance infranchissable, un magma mou, entre lui et les autres. Une chose, pourtant anodine, le préoccupe et il y revient plusieurs fois : que deviennent les canards de Central Park lorsque le lac est pris par le gel ? Cette image remplace une interrogation informulée qui inconsciemment doit hanter le personnage : que deviennent les hommes lorsqu’ils perdent tout contact chaleureux avec les autres et lorsque la glace peu à peu les enserre ?
    Étranger au monde et à lui-même, Holden ne sait pas quel mal le ronge. Ses difficiles relations aux autres deviennent même impossibles lorsqu’il aborde les filles, car la sexualité tout à la fois le fascine, l’obsède et le terrifie. Ainsi s’explique l’épisode à l’hôtel avec la prostituée qui le traite de « couille molle ».



                                                                                   Si ça parle à quelqu'un, je le conseille vraiment.

                                                                             Je finirais avec une des citations qui m'a le plus plu :
                                                                          Holden se remémorant un moment avec son amie Jane :
     

    "Faudrait pas vous figurer, parce qu'on évitait les papouilles, qu'elle était un vrai glaçon. Grave erreur.
    Par exemple, on se donnait toujours la main. Bon d'accord, c'est pas grand chose. Mais pour ce qui est de se donner la main elle était super. La plupart des filles, si on les tient par la main, c'est comme si leur main était morte dès l'instant qu'on la prend, ou bien au contraire elle s'empressent de remuer la main sans arrêt comme si elles pensaient que ça va vous distraire. Avec Jane c'était différent. On allait au cinéma ou quoi et immédiatement on se tenait par la main et on restait comme ça jusqu'à la fin du film. Sans changer la position et sans en faire toute une histoire. Avec Jane, même si on avait la main moite y'avait pas à s'inquiéter. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'on était heureux. Vraiment heureux."

     


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